Maupassant
Balade en terre cauchoise avec Guy de Maupassant.
Bien des fécampois auraient aimé que Guy de Maupassant soit né dans leur cité. Il n’en est rien ! Guy de Maupassant est né le 5 Août 1850 au château de Miromesnil, loué en partie par ses parents. Il fut ondoyé dans la chapelle du château en attendant d’être baptisé dans l’église de Tourville sur Arques. Maupassant passa les trois premières années de sa vie à Miromesnil. Bien sûr il n’en garda aucun souvenir….
Le château de Miromesnil bénéficie aujourd’hui du label « Maison des illustres ». Il se visite tous les jours du 1 avril au 1 novembre (visite guidée).
Les Maupassant louent ensuite le « château blanc » de Grainville Ymauville, pendant 5 ans.
Cette demeure servit de cadre au roman « Une vie » sous le nom : « les peuples » ( pour peupliers).
Guy connaissait parfaitement la Normandie ,en particulier le pays de Caux. Il aimait la côte si pittoresque et l’intérieur des terres.
« J’aime ce pays ,et j’aime y vivre parce que j’y ai mes racines, ces profondes et délicates racines, qui attachent un homme à la terre où sont nés et morts ses aïeux, qui l’attachent à ce qu’on pense et à ce qu’on mange, aux usages comme aux nourritures, aux locutions locales, aux intonations des paysans, aux odeurs du sol, des villages et de l’air lui-même »
Le Horla.
Il avait une affection particulière pour la maison de Mme Le Poittevin (sa grand-mère maternelle) situé à Fécamp. Ce pavillon existe toujours, amputé du dernier étage, on peut le voir depuis le quai Guy de Maupassant, c’est actuellement le CDI du lycée maritime Anita Conti. C’est une demeure dont la façade s’ouvre sur la mer, alors que toutes les autres ont vue sur le port.
Guy gardera toujours le souvenir de cette maison où il a passé de merveilleuses vacances, il y avait trois terrasses , des dépendances et au bout du jardin , on voyait la mer…
Comme compagnons de jeux , il a Hervé son jeune frère et Paul Duval (futur Jean Lorrain, né à Fécamp). Gustave Flaubert, ami de la famille fit plusieurs séjours dans cette maison.
Dans toute son œuvre, on retrouve des descriptions de :
Yport :
« Bientôt apparut le village d’Yport…Ils s’arrêtèrent, en face de la plage, à regarder. Des voiles, blanches comme des ailes d’oiseaux, passaient au large. A droite comme à gauche, la falaise énorme se dressait… De tous petits flots qui faisaient à la mer une frange d’écume roulaient sur le galet avec un bruit léger…. »
Une vie.
Etretat :
« Je vis sur les falaises, j’adore positivement ces falaises d’Etretat. Je n’en connais pas de plus belles de plus saines. Je veux dire saines pour l’esprit. C’est une admirable route entre le ciel et la mer, une route de gazon, qui court sur cette grande muraille de rochers blancs et qui vous promène au bord du monde, au bord de la terre, au-dessus de l’océan. Mes meilleurs jours sont ceux que j’ai passés, étendu sur une pente d’herbe, en plein ciel, à cent mètres au-dessus des vagues , à rêver. »
L’homme de mars.
Vaucottes :
« Là-bas devant lui, le val de Vaucottes ouvrait sa gorge profonde….La cabane …restait là toute seule…à cinq cents mètres de la falaise, juste au point où commençait la descente rapide du vallon. »
Une vie.
Antifer :
« Il existe une fort jolie plage, celle d’Antifer. On y arrive des terres par une petite vallée, dont la naissance se trouve près du Tilleul , sur la route du Havre »
lettre à G.Flaubert.
Bruneval :
« Voici Bruneval, une vallée profonde qui court à la mer…On remonte par un sentier tout droit; on pénètre en un hameau de fermes, le chemin passant entre les fossés verts plantés de grands arbres que secoue éternellement et que fait chanter le vent du large... »
La belle Ernestine(Gil Blas).
Bénouville :
« J’arrivai un soir au petit village de Bénouville, sur la falaise, entre Yport et Etretat. Je venais de Fécamp en suivant la côte, la haute côte droite comme une muraille, avec ses saillies de rochers crayeux tombant à pic dans la mer. » Miss Harriet (Le Gaulois)
Fécamp :
« Des souvenirs d’enfance m’assaillent car j’ai grandi sur le rivage de la mer, moi, de la mer froide et grise du Nord, dans une petite ville de pêche toujours battue par le vent, par la pluie, et les embruns, et toujours pleine d’odeur de poisson, de poisson frais jeté sur les quais, dont les écailles luisaient sur les pavés des rues, et de poisson salé roulé dans les barils, et de poisson séché dans les maisons brunes coiffées de cheminées de briques dont la fumée portait au loin, sur la campagne, des odeurs fortes de hareng.
Je me rappelais aussi l’odeur des filets séchant le long des portes, l’odeur des saumures dont on fume les terres, l’odeur des varechs quand la marée baisse, tous ces parfums violents des petits ports, parfums rudes et senteurs âcres, mais qui emplissent la poitrine et l’âme de sensations fortes et bonnes. »
Une vie.
« Le curé conseilla un pélérinage au précieux sang de Fécamp… »
La maison Tellier.
« La maison était familiale, toute petite, peinte en jaune, à l’encoignure d’une rue derrière l’église Saint Etienne ;et par les fenêtres on apercevait le bassin plein de navires qu’on déchargeait, le grand marais salant appelé « la retenue » et, derrière, la côte de la Vierge avec sa chapelle toute grise. »
La maison Tellier.
Goderville :
« Sur toutes les routes autour de Goderville, les paysans et leurs femmes s’en venaient vers le bourg ;car c’était jour de marché…….Sur la place , c’était une foule, une cohue d’humains et de bêtes mélangées. »
La ficelle.
Cany :
« Leur domaine de Réminil touchait au gros bourg de Cany. Le château neuf bâti sous Louis xiv était caché dans un parc magnifique entouré de murs. »
Gil Blas.
En 1858 Les Maupassant achètent deux terrains à Etretat, sur lesquels ils font construire une villa « Les Verguies » Depuis 1852 , le petit village de pêcheurs est devenu une station balnéaire à la mode. Le tout Paris s’y retrouve, des illustres représentants du monde littéraire et artistique y séjournent :Corot, Courbet, Delacroix, Boudin, Monet, Victor Hugo…
Les villas y fleurissent :
-La villa « Provigny. »
-La villa « Médéric. »
-La villa « Oudiné. »
-La villa « Le petit val. »
-La villa « Le clos Lupin » (qui se visite) où vécut Maurice Leblanc.
-La villa » Orphée » que fit construire Offenbach.
-Le château des « Aygues « qui fut la résidence des reines d’Espagne, Marie- Christine et Isabelle II.
Etc …
Après des vacances estivales où il fréquente les marins d’Etretat, Guy est envoyé en 1863 à l’institution ecclésiastique d’Yvetot, où il s’ennuie à mourir.
« C’était un grand bâtiment triste, peuplé de curés et d’élèves presque tous destinés au sacerdoce. Je n’y puis y songer encore sans des frissons de tristesse. »
Il y compose ses premiers vers.
Les promenades sur les falaises, les baignades lui manquent terriblement.
« Rien de gentil, comme cette plage le matin, à l’heure des bains. Elle est petite, arrondie en fer à cheval, encadrée par ces hautes falaises blanches percées de ces trous singuliers qu’on nomme les portes . » (correspondance Gil Blas).
Renvoyé du pensionnat, il part faire son année de rhétorique à Rouen. C’est là qu’il rencontre Louis Bouilhet , son maître en littérature , son ami.
Après des études de droit, il entre au ministère de la marine, puis au ministère de l’instruction publique. Pour éviter une dépression, tant ce travail le rebute il s’adonne à la natation et au canotage sur la Seine. Il rend souvent visite à Gustave Flaubert (à Croisset) qui l’encourage à écrire.
Il écrit son premier conte qui est publié dans l’almanach de Pont à Mousson puis dans la république des Lettres .
Il commence le roman « Une Vie »et enfin publie « Boule de suif » qui le fit connaître du grand public, suivi de « La maison Tellier » « Le papa de Simon », et « En famille ».
Il écrit en tant que journaliste dans :Le Gaulois, Gil Blas.
En 1881 Madame de Maupassant offre à Guy un terrain à Etretat où il fit construire « la Guillette ». Cette maison est toujours visible sur la route qui porte son nom.
Il y écrit « Bel ami » et « Pierre et Jean ».
Guy fait des fêtes mémorables à « La Guillette ». Son valet François Tassart, les raconte dans son livre « Souvenirs sur Maupassant ».
Guy partage son temps entre Etretat et la côte d’Azur.
En 1892 il devient fou…. Il est interné dans la clinique du Dr Blanche à Passy. Il y meurt le 6 juillet de la même année. Il avait 43 Ans….
A sa mort il laissait près de 300 nouvelles et contes, 200 chroniques quelques pièces de théâtre, une dizaine de romans et des vers, écrits pour l’essentiel entre 1880 et 1890 .
D.MARIE